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Deuxième commandant de Trois-Rivières !

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ANDRÉ LEFEBVRE

À l’image de Bochart, Marc-Antoine Brasdefer de Châteaufort agit aussi dans l’ombre du nouveau Gouverneur en Nouvelle-France et peu d’information circule à son sujet. On sait qu’il assure l’intérim avant l’arrivée de Charles Huault de Montmagny à l’été 1636. Tout indique qu’il commande à Trois-Rivières à partir de cet instant. Il intervient en tant que commandant : il négocie avec les tribus algonquine, montagnaise et abénaquise qui s’amènent à Trois-Rivières, y régie le commerce et rend les hommages d’usage aux Pères Jésuites qui s’embarquent avec les Hurons vers l’Outaouais, bref il pose tous les gestes de son prédécesseur, Théodore Bochart du Plessis.

Bras-de-fer de Chateaufort est chevalier de malte et commandant intérimaire de Nouvelle-France, de décembre 1635 à juin 1636. Arrivé à Québec en 1634 ou en 1635, Chateaufort avait été désigné par la Compagnie des Cent-Associés pour assumer le commandement, advenant le décès de Champlain. Ses lettres de provision avaient été confiées au jésuite Paul Le Jeune qui avait mission de « les produire en temps & lieu », ce qu’il fit tout de suite après les funérailles de Champlain : les lettres « furent ouvertes, & leues à l’heure mesme en presence du Peuple assemblé en l’Église ». Champlain avait exercé les fonctions de gouverneur, mais sans en porter le titre : en 1628, dans une lettre qu’il lui écrit, le roi l’appelle « commendant en la Nouvelle-France en l’absence » du cardinal de Richelieu ; c’est pourquoi Chateaufort s’intitule « lieutenant général en toute l’étendue du fleuve Saint-Laurent en La Nouvelle-France pour Monseigneur le Cardinal, Duc de Richelieu ».

Le 11 juin 1636, Huault de Montmagny débarque à Québec. La Compagnie des Cent-Associés l’avait désigné, en janvier 1636 (avant qu’on sût en France la mort de Champlain), pour commander la Nouvelle-France. Chateaufort lui remet les clefs du fort Saint-Louis et, peu après, se rend à Trois-Rivières exercer les fonctions de commandant (le titre de gouverneur n’existant pas encore officiellement). Les registres de cette ville en font mention pour la première fois le 28 août 1636, mais la Relation de 1637 nous autorise à croire que Chateaufort y était depuis quelque temps déjà. On ignore s’il succédait à Laviolette, qui se trouvait à Trois-Rivières au moins jusqu’au 17 avril 1636, ou au chevalier Bréhaut Delisle.

En juillet 1637, il arrête les Abénaquis auxquels il reproche de faire la traite à Trois-Rivières malgré la défense de Montmagny, fait visiter leurs bagages sans y trouver de castor et leur confisque trois arquebuses. Les registres trifluviens mentionnent Chateaufort pour la dernière fois le 6 février 1638, mais, contrairement à ce qu’on a écrit, Chateaufort reste à Trois-Rivières quelques mois encore, puisque, le 31 août de la même année, il assiste avec Montmagny à la prise de possession par Jean Godefroy de la seigneurie de Lintot. On ignore ce que devient ensuite Chateaufort.

À son arrivée au Canada, il est au début de la trentaine. Moins d’une semaine après son entrée en fonction à Québec, il promulgue une ordonnance interdisant le blasphème et l’ivrognerie. Le 6 janvier suivant il condamne au carcan un blasphémateur. Après l’arrivée de Montmagny il prend le commandement de Trois-Rivières.

Mais il est temps de parler des vrais Canayens plutôt que de Français en transit. Nous parlerons de ceux de Trois-Rivières et de la région. Quel meilleur moyen de les connaître que celui de vous les présenter un à un? Plusieurs sont des personnes très intéressantes (Les infos sur chacun sont signées par leur auteur et tirées du web).

GODEFROY, Jean de Linctot (1634 ou avant) Arrivé en Nouvelle-France vers 1626 âgé de 18 ans environ, il apprend vite les langues autochtones et sert d’interprète à Samuel de Champlain. À la prise de Québec par les frères Kirke en 1629, il refuse de repartir pour la France, préférant vivre avec les populations autochtones. Au retour des Français, il s’établit définitivement à Trois-Rivières dont il est le premier habitant avec Jacques Hertel et où on lui octroie une seigneurie le 1er décembre 1637. Il se livre à la traite des fourrures tout en mettant ses terres en valeur. Il sera anobli pour services rendus à la colonie naissante, mais il ne se sera pas enrichi. En 1672, le gouverneur de Buade de Frontenac le recommandait à la générosité du roi « l’un des premiers qui soient venus en ce pays [...], chargé d’une très grande famille, ayant plusieurs filles et six garçons [deux autres étaient décédés, le premier avant 1655, le second en 1661] qui sont tous gens de cœur et les premiers prêts à aller à toutes les expéditions [...], n’y ayant point de meilleurs canoteurs dans tout le pays », le sieur Godefroy « n’est [cependant] pas trop accommodé dans ses affaires, [ayant] une fille qu’il ne peut marier, faute d’avoir de quoi lui donner ». Le roi resta sourd à cette requête.

Godefroy vécut sur ses terres jusqu’en 1681, décédant peu après le 8 juillet de cette année. Son épouse mourut à Trois-Rivières le 27 octobre 1688.

Il est le frère de Thomas Godefroy de Normanville, lui aussi interprète.

André Vachon

 

THOMAS GODEFROY DE NORMANVILLE.  Thomas Godefroy arriva en Nouvelle-France vers 1626, en compagnie de son aîné, Jean Godefroy. Interprète sous Champlain, il alla vivre avec les Indiens, lors de l’occupation anglaise de Québec, de 1629 à 1632. Au retour des Français, il s’établit dans la région de Trois-Rivières, de même que son frère et que son parent Jean-Paul Godefroy (qui est, éventuellement, retourné en France semble-t-il). Mais, contrairement à ces derniers, il conserva son métier d’interprète.

Normanville fut l’un de ces truchements du début de la Nouvelle-France qui savaient si bien concilier les intérêts du commerce et de la religion. On le voit fréquemment aider les missionnaires et même les remplacer : il catéchise les Indiens, dirige leurs prières et les baptise, à l’occasion. Parlant l’algonquin, l’iroquois et, vraisemblablement, le huron, il rendit d’inestimables services à la colonie.

Sa bravoure était reconnue. À trois reprises, il tomba aux mains des Iroquois : en février 1641, alors qu’il fut capturé avec son compagnon François Marguerie, au printemps de 1648 et en août 1652. Les deux premières fois, il s’en tira sans trop de mal. Mais, en 1652, les Iroquois le traînèrent dans les Cantons où ils le massacrèrent.

En 1641–1642, Normanville avait accompagné en France le père Paul Le Jeune, dans un voyage pour « le bien public et commun de la colonie » ; et, en 1651, Normanville, le père Jacques Buteux et trois autres Français avaient été les premiers Blancs à remonter le Saint-Maurice jusqu’au pays des Attikamègues.

André Vachon

 

MARGUERIE DE LA HAYE, FRANÇOIS, interprète, né à Rouen (Normandie), où il fut baptisé le 12 octobre 1612.  Une des figures les plus intrépides des débuts de la colonie, François Marguerie fut nommé par les Indiens « l’homme double », parce qu’il s’était créé chez eux la réputation d’être le Visage Pâle le mieux adapté à leurs coutumes et à leurs idiomes. Même si les Relations des Jésuites ne signalent sa présence au pays qu’en 1636, il est possible, comme le prétendent quelques historiens, qu’il ait été au Canada avant 1629, et qu’il soit allé se réfugier chez les Algonquins pendant l’occupation de la colonie par les Kirke, se familiarisant ainsi avec le mode de vie et la langue de cette tribu.

Marguerie passa l’hiver de 1635–1636 à l’île aux Allumettes et, le 28 mars, il arrivait au pays des Hurons en compagnie de quatre Algonquins, dont Tessouat (mort en 1636), apportant aux missionnaires des nouvelles du monde civilisé. La sympathie naturelle que lui témoignaient les Peaux Rouges fut fort utile aux Jésuites, à qui il servait de guide et d’interprète dans leurs randonnées et leurs tentatives d’évangélisation. Durant les années 1637–1640, il ne s’éloigna guère toutefois de Trois-Rivières, et on sait qu’il était interprète en chef à cet endroit de 1642 à 1648.

Au mois de février 1641, il se rendit à la chasse dans les bois environnants en compagnie d’un autre spécialiste des langues indiennes, Thomas Godefroy ; ils furent faits prisonniers par un groupe d’Iroquois et emmenés dans leur village. Les deux interprètes y demeurèrent plusieurs semaines et en profitèrent pour se familiariser davantage avec la langue iroquoise.

Au cours de leur captivité, les deux prisonniers se rendent compte que les Iroquois préparent pour le début de l’été une descente vers Trois-Rivières et qu’ils se serviraient des deux Français comme guides et appât. Ces derniers imaginent de leur côté un plan pour déjouer la tactique indienne. Lorsque le groupe fut rendu en face de Trois-Rivières, de l’autre côté du fleuve, Marguerie s’offre d’aller lui-même négocier avec les autorités du bourg. Thomas Godefroy doit être gardé en otage, et Marguerie donne sa parole d’honneur de revenir se constituer prisonnier s’il n’obtient aucun résultat. Le 5 juin, il se présente au fort, et sans penser à sa sécurité personnelle, il dissuade le gouverneur, M. de Champflour, d’accepter les propositions iroquoises, car elles cachent un piège. Puis il retourne se livrer aux Indiens. Pendant ce temps, les autorités trifluviennes délibèrent et décident d’envoyer Jean Nicollet et le père Ragueneau tenter des négociations avec les Iroquois. Finalement on en arrive à une entente, et les deux captifs sont libérés. Leur audace et leur courage avaient contribué à sauver la colonie de Trois-Rivières.

Tous deux devaient bientôt mourir de façon tragique. François Marguerie se noie, avec un compagnon, Jean Amiot, le 23 mai 1648 ; son canot avait chaviré dans le fleuve en face de Trois-Rivières. Godefroy est torturé à mort quatre ans plus tard. Perte irréparable pour la colonie que la mort de ces deux jeunes gens, note la Relation de 1648 : « Deux jeunes François qui ont esté bien regrettez en ce pays, tant pour leur vertu que pour la conoissance quils avoient des langues ».

François Marguerie avait épousé à Québec, le 26 octobre 1645, Louise Cloutier, fille de Zacharie Cloutier, pionnier de Beauport. Ils n’eurent pas d’enfants. Sa veuve épousa Jean Mignot, dit Chatillon, puis Jean-Pierre Mataut.

Raymond Douville
AMIOT (Amyot), JEAN, interprète et engagé des Jésuites chez les Hurons, fils de Philippe Amiot et d’Anne Convent, venus des environs de Soissons vers 1635, probablement né en France vers 1625, décédé en 1648.

Jean Amiot (frère de Mathieu et de Charles Amyot) passa plusieurs années au pays des Hurons et paraît avoir séjourné à Trois-Rivières à partir de 1645. Les sauvages l’appelaient Antaïok. En 1647, il capture à la course un Iroquois qui aurait assassiné le père Jogues. Athlète remarquable, il l’emporte sur tous les jeunes sauvages qui, dans un tournoi, à Québec, veulent se mesurer à la course avec lui, soit à pied, soit en raquettes. Jean Amiot était sur le point de se marier quand, le 23 mai 1648, il se noie, en face de Trois-Rivières, avec un compagnon, François Marguerie. Son corps, porté par le courant, est retrouvé le 10 juin devant la mission Saint-Joseph de Sillery, où a lieu l’inhumation. Ses biens à Trois-Rivières furent vendus à Jacques Leneuf de La Poterie, le 18 octobre 1649. La Relation de 1648 affirme que Amiot et Marguerie « ont esté bien regrettez en ce pays, tant pour leur vertu que pour la connoissance qu’ils avoient des langues [...]. Ils estoient tous deux vaillans & adroits, & ce qui est plus à priser que tout cela, ils menoient une vie fort innocente au jugement de tout le pays ».

Honorius Provost

 À suivre

André Lefebvre


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